Holiday spirit (Austin)

Austin Flowers
Holiday Spirit

La journée venait à peine de commencer et pourtant j'étais déjà debout depuis plusieurs heures. Je m'étais levée pour faire des gâteaux suite à une fringale nocturne. Brioche, gâteau aux pommes et même des éclairs au chocolat, après un long moment en cuisine, mon comptoir était entièrement recouvert de délicieuses douceurs. J'en avais assez pour nourrir tout un régiment, mais j'étais seule... Célibataire. Et la période ne se prêtait pas aux retrouvailles entre amis, ils étaient tous dans leurs familles, la mienne se trouvait actuellement quelque part au Japon. S'il n'y avait pas eu une pandémie à l'échelle mondiale, je les aurais rejoint, mais j'avais du me rabattre sur le boulot et l'espoir de trouver un ami dans la même situation que moi pour partager un moment convivial. Une chance pour moi, Austin m'avait proposé spontanément de venir boire un verre chez lui quelques heures après ma démonstration culinaire. Peut être avait il senti que j'en avais besoin, peut être avait il vu mes créations sur les réseaux sociaux, peut être avait il juste envie de passer un moment avec moi, en tout cas il m'avait invité et j'avais accepté.
J'avais pris la route avec une tonne de pâtisserie et j'eus même un peu de mal à tout reprendre en sortant de la voiture. J'étais plutôt contente de moi d'avoir mis des bottes plates pour affronter les rues glissantes, même si ce n'était que pour quelques mètres. Je ne m'en serais pas sortie autrement. En deux minutes j'étais devant sa porte, les boites en équilibre sur mon genoux pour pouvoir libérer une main et toquer, croisant les doigts pour ne pas salir mon jean ou mon blazer.

« Flowers, ouvre moi. J'ai de quoi manger ! » Plaisantais-je à travers la porte.

Ma vie. ces jours ci n’est pas très palpitante. Au boulot c’est la routine, des arrestations, des contraventions et des imbécilités de mes collègues. La vie de boulot quoi. Mais dans ma vie personnelle, c’est un peu plus calme. Dans mon immeuble ou j’y ai mon appartement, c’est le vacarme toute la soirée par tous les locataires. Et je dois parfois jouer à la police avec certains, j’ai cet avantage de posséder une plaque, dès que je la montre, ils se calment. Mais le seul que je n’ai pas réussi à calmer, c’est l’ex de ma voisine de pallier, juste en face de chez moi. Elle se fait tabasser, malgré les restrictions de la police sur le mec. Mais ce n’est pas mon affaire, mais malgré ça, si je suis là un jour ou il se pointe le nez chez elle, il aura à faire à moi je vous le jure.

Pourtant ce soir, dans l’immeuble, c’est l’un de ces rares soirs ou c’est calme, trop calme même. Je m’ennuie, donc je suis tranquille pour faire le tour des réseaux sociaux, ou je n’y ai pas été depuis un moment. C’est là que je vois les innombrables statuts de ma pote Maverick. J’aime bien Maverick, nous sommes presque pareils, deux célibataires endurcis. Alors je me suis dit qu’elle a besoin d’un peu de compagnie, alors je lui ai envoyé un message comme quoi, que si elle a envie de prendre un verre chez moi, de se pointer au plus vite et c’est 30 minutes plus tard que je l’entends me demander de lui ouvrir la porte. Elle avait le don de m’appeler par mon nom de famille. Je lève les yeux au ciel, je trouvais ça marrant quand même. Je me lève de mon divan ou je zappais avec la télé et je lui ouvre la porte de mon appartement.

Tu as dis que tu as apporté à manger?

Je souris en coin, quand il s’agissait de bouffe, j’étais toujours prêt. Je l’aide à se débarrasser de quelques plats.

Entre et fait comme chez toi, surtout, fait pas attention au désordre.

Parlant de désordre, j’étais le mec le plus propre qu’il pouvait y avoir. Mon désordre consistait à laisser traîner, une tasse sur la table du salon et ma paire de chaussure en plein milieu du corridor. Pour le reste, on aurait dit que j’ai épousseté deux fois dans la journée. Je vais déposer les plats sur la table du salon. Laissant Maverick entrer à son aise.

Austin Flowers
Holiday Spirit

L'appartement d'Austin était nickel, comme d'habitude, pas un brin de désordre. En tout cas rien à voir avec mon chez moi où il y avait toujours quelques objets qui trainaient à droite à gauche. J'étais souvent trop pressée pour ranger derrière moi, surtout lorsque l'on m'appelait pour remplacer sur un vol à la dernière minute. Ça ne risquait plus d'arriver ce mois ci, car j'avais atteint mon quota d'heure de vol, j'étais tranquille... Maintenant j'étais l'unique responsable du bazar qu'il pouvait y avoir chez moi.

« Raconte pas n'importe quoi, c'est moi qui vais mettre du bazar un peu partout. » Et en effet, je déposais déjà les boites de gâteaux que j'avais rapporté dans la cuisine, déposant quelques miettes par le même temps. « Dis moi ce qui te ferais plaisir. » Lui dis-je en entrouvrant une boite. Personnellement je n'aurais pas dit non à une bouteille de vin, mais boire pour effacer certains sentiments n'était pas la chose à faire, je le savais et c'est donc assez naturellement que je pris un soda dans son frigo. Oui, nous étions amis au point que je me sentais assez à l'aise pour me servir dans ses placards sans lui demander.

« Bon, dis moi, y a-t-il du nouveau dans ta vie ? » Curieuse, moi ? Pas du tout. Un peu... Ok, j'aimais savoir ce qu'il se passait dans la vie de mes amis pour pouvoir les encourager, célébrer avec eux et parfois être juste une oreille attentive. Puis, ce n'était pas comme si j'avais une vie palpitante. Depuis que je m'étais séparée de Kelly deux ans plus tôt, et malgré quelques histoires assez brèves, je ne m'entourais que très peu, mis à part de mes amis. Je vivais un quotidien simple et bien loin de ce que je m'étais imaginée en entrant dans la trentaine.

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