mon cœur se serre, j'ai du feu dans la voix

Ce matin tu t'es levé, t'as su que cette journée allait être idéale, tu sais pas pourquoi, mais t'as ce pressentiment que quelque chose de positif va te tomber dessus, alors, t'as la pêche, tu souris, tu es joie, tu rayonnes, tu pars travailler, t'occuper de tes patients, faire ce que tu aimes, et ça commence bien, que des gens agréables, t'as même eu le droit a une petite fille qui t'as complimenté en disant que tu étais la meilleure doctresse du monde, ça t'as touché, c'était mignon, t'adores les gosses, c'est trop adorable un gosse.
Début d'après midi, t'as fini tes rendez vous, t'as même pas mangé encore, tu scrutes ton portable, trois message de ta copine, elle t'énerve, elle joue faux, tu le sais, depuis que t'as gagné à la loterie elle à changé, tu réponds même pas, tu quittes ton cabinet, doudoune sur le dos, écharpe autour du cou, tu marches doucement, tu veux te balader un peu, ta journée est terminée.
Tu t'arrêtes à un stand, tu achètes une crêpe nutella, ton unique repas de la journée, bien chaude, tu te régales et tu entre dans une boutique de musique, tu veux voir les nouveautés, écouter une belle musique, tu veux te changer les idées, tu salues le vendeur, qui te regarde bizarrement. Tu le sais pas encore, mais t'as du chocolat sur le coin d'une lèvre, tu vas vers les rayons, regardant les têtes de gondoles, mais toi tu vas vers la variété, bien que tes gouts soient pas compliqué en musique, tu préfères la musique simple, comme toi. I need some hot stuff, baby, tonight, i want some hot stuff, baby, this evenin'  Tu chantonnes sans t'en rendre compte, cherchant un truc qui t'interpelle, t'as tout ton temps, quel album peut-on ce payer avec quarante millions... dur de choisir.

Encore un appel de ton logeur. Tu vois son numéro flasher sur ton écran de portable et pour la cinquième fois de la journée, tu l'envoies sur messagerie. Après tout, t'es au boulot nan? T'es pas sensée pouvoir répondre à son appel. Tu le ranges dans ta poche arrière en prenant soin de le mettre en veille. La fin de ton shift approche, et tu crains de rentrer chez toi pour trouver le bonhomme ventripotent sur le pas de ta porte en train de t'attendre avec son air patibulaire. Tu trembles déjà rien que d'y penser.
Une fois changée et équipée pour affronter le froid environnant, tu enfonces ton bonnet bien fort sur tes oreilles et tu sors affronter la neige. Celle-ci tombe fort. Vraiment fort. Un coup d'œil à ta montre et tu te dis que pour le coup, tu vas faire durer le trajet en rentrant à pieds plutôt qu'en bus. Tu sens que le vent te transperce littéralement les os. Tu as besoin de te mettre à l'abris et vite. A quelques pas de là, tu aperçois le disquaire chez qui tu as bossé quelques mois l'an dernier. Si Tony est au comptoir, il te laissera encore écouter des CD à l'œil et te réchauffer tranquille. Tu pousses la porte et alors que tu allais lâcher un "salut" sonore, tu sens un parfum tout à fait familier. Un parfum doux, sucré, suave... Le parfum de ta doctoresse favorite qui check ta vue toutes les deux semaines. Tu te figes un instant dans le courant d'air et il ne te faut pas plus de cinq secondes pour la repérer en train de chantonner au fond de la salle. Tu avales ta salive dans un "gloups" sonore et guttural, presque douloureux. La porte se referme et il fait si froid que tu ne considères même pas la possibilité de continuer ta route. Alors en prenant ton courage à deux mains, tu t'avances vers les rangées de CD en terminant tes recherches le plus discrètement possible à côté de la belle au teint hâlé. Et c'est lorsque tu tends la main pour attraper un album de Donna Summer que vos doigts se touchent et que ton cœur manque d'exploser dans ta poitrine.